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Le week-end dernier, en démontant un meuble chez ma mère,
j'ai retrouvé cette photo entre deux tiroirs.
Enfants, lorsque nous descendions en vacances dans le sud de l'île depuis les hauts-plateaux
où nous vivions à l'année, le voyage en voiture était long, interminable et assommant.
Nous empruntions une route en latérite, piste ondulée par le vent et les ruissellements,
qui s'étalait en étendue monotone et rectiligne devant nous.
La sensation d'une durée non quantifiable était barbante, la chaleur insupportable
et les secousses du véhicule s'opposaient à toute tentative d'endormissement.
Peu de choses dans les rares broussailles qui nous entouraient pour distraire notre ennui.
Jusqu'au moment où, à travers le pare-brise nous apercevions, planté sur l'horizon,
un écriteau qui signalait le franchissement d'un cercle imaginaire,
le tropique du Capricorne.
Lentement, au fur et à mesure que nous approchions de cette ligne virtuelle
une forte émotion m'envahissait.
À chaque fois je sentais mon ventre se contracter et je m'affolais à l'idée
de basculer dans une autre dimension, inquiet de ne pas pouvoir revenir en arrière.
Cependant avant de voltiger dans le vide nous nous arrêtions
et descendions tous de la voiture pour le rituel de la photo-souvenir.
Je profitais alors de cette pause pour filer me débonder derrière le premier buisson venu.
Là, accroupi dans la poussière, je constatais toujours avec surprise
que je n'étais ni le premier, ni le seul humain sur cette terre
à éprouver les mêmes tourments.
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